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Guadeloupe : les petites îles

En quête de mon article journalier, je suis tombée sur cet article du Figaro et j’avoue que ça a été mon coup de coeur du jour ; n’y voyez aucun chauvinisme de ma part, mais il faut dire que cet article est une ôde à mon île, alors comment faire autrement ? Il me fallait le partager avec vous…

« La Guadeloupe est une île. Mais c’est aussi un archipel dont font partie Les Saintes, Marie-Galante et La Désirade. Petites îles rêvées, sur les chemins de la découverte du Nouveau Monde, que l’on s’en va visiter avec la curiosité et l’excitation d’un chasseur de papillons.

An tan lontan », un papillon s’est posé sur la mer. Ses ailes étaient bleu lagon mêlé de vert forêt. On l’appela Karukera, « l’île aux belles eaux ». En 1493, Christophe Colomb y préféra le nom de Guadalupe. Ce qui ne changea rien aux eaux chaudes et turquoise de Grande-Terre ou à la forêt tropicale de Basse-Terre, son volcan toujours enchifrené, ses cascades et ses quelque 300 « traces » qui permettent toutes les randonnées. « Plus verte que le songe », disait Saint-John Perse de ce « confetti d’Empire ». Ici on suit la route comme elle vient. On se laisse charmer par l’accent créole où les « r » deviennent des « w ». On apprend à reconnaître les sapotilles, les christophines, les corossols. On se laisse conter, au domaine de Séverin, l’histoire du rhum agricole et puis, à La Grivelière, celle du café. On plonge autour de l’îlet Pigeon à la recherche de Jojo le Mérou. On se balance sous la canopée du parc des Mamelles et l’on se promène dans le sublime jardin botanique de Deshaies. Reste à déguster un matété de crabes, une fricassée de ouassous (grosses crevettes) ou un colombo de cabri, car ici on voyage aussi dans son assiette !

Et puis l’on se souvient que la Guadeloupe est un archipel. Alors on quitte le « continent » pour « monter » vers ses « dépendances », ces petites îles du Sud au parfum d’autrefois. Voilà d’abord l’archipel des Saintes, îles joujoux aux maisons de poupées auréolées de toits rouges et décorées de lambrequins. La rade de Terre-de-Haut figure parmi les trois plus belles baies du monde, grâce en partie à ses « fonds de sept à quinze brasses » où l’on jetait l’ancre sans problème. Neuf îlots dont deux habités : Terre-de-Haut et Terre-de-Bas. Il n’est pas là question d’altitude mais d’orientation. Comme en Bretagne, le bas se trouve à l’ouest et le haut à l’est ! Les Saintois sont très fiers de leurs maisons, ces kas an nou couleur safran, mangue, anis, aux essences patinées par le temps. Pascal Foy, nostalgique de ces cases en voie de disparition, en reproduit les façades en de jolies maquettes. Quant à Edouard, restaurateur et peintre (mais également navigateur dans l’âme), il arpente le littoral à la recherche d’épaves à partir desquelles il réalise un « art salé » de toute beauté. Les Saintes seraient-elles terre d’artistes ? « Ici, dit Edouard, règne une certaine sérénité. On a le temps. On en profite. » C’est ainsi que ces descendants de marins bretons ou poitevins s’en vont, tel Césaire Pineau, pêcher le thon, la daurade, la langouste que dégusteront les gourmands de passage après avoir marché sur la trace des Crêtes, plongé au Sec Pâté ou à la Pointe à Vaches, visité la chapelle des marins ou le Fort Napoléon et son petit musée (il paraît que chacun de ses piliers cache un louis d’or !) ou s’être arrêté – petit besoin oblige – dans un « chalet de nécessité »… Plages aux eaux limpides au fond desquelles dansent gorgones et anges royaux, végétation luxuriante où croissent aussi agaves, aloès et « têtes à l’Anglais » (cactus), on ne saurait quitter ces îles bénies sans déguster un « tourment d’amour », petit gâteau rond fourré à la noix de coco. Ne serait-ce que pour le nom de la dame qui les fabrique : Celliette Appolinaire !

Entre belles-de-nuit et huile de carapate, une pharmacopée colorée

Enjambons une nouvelle fois la mer et nous voici à Marie-Galante, la « grande galette ». Cette belle île en mer est « l’île aux cents moulins », appellation datant de l’âge d’or de la canne à sucre. Ils sont tous en ruine ou décapités sauf le moulin de Bézard, habilement restauré avec ses cases d’esclaves en gaulette tressée. Restent néanmoins trois distilleries – Bielle, Bellevue et Poisson -, cette dernière fabriquant artisanalement le fameux rhum du Père Labat à 59° ! Grand-Bourg, Saint-Louis, Capesterre, autant de petits villages au charme tranquille d’où l’on s’en va, après avoir longé le « centre de repos des allongés » (cimetière !), vers l’habitation Murat, ancienne exploitation sucrière, la mare au Punch, l’anse de Vieux-Fort pour son coucher de soleil sur la Soufrière, ou encore l’une des splendides plages de l’île, telles la Feuillère ou les Basses. Saviez-vous que Mme de Maintenon, fille du premier gouverneur de l’île, le marquis d’Aubigné, fit sans doute là ses premiers châteaux de sable ?

Reste à faire une balade dans le cabrouet d’Alex Brute ou encore à assister à un concours de « bœufs tirants ». Une autre tradition perdure, celle des combats de coqs. Francky Mary, éleveur, nous raconte comment ces champions sont coiffés, douchés, massés (avec du rhum !) avant de se mesurer tous les dimanches dans un pitt à coqs avec un concurrent de même poids et même enchère. « Les paris, dit-il, peuvent atteindre 2 300 euros… » Entre deux « buvettes à punch », on apprendra encore que l’huile de carapate soigne les rhumes ; les jeunes feuilles de goyaves, les maux de ventre ; les belles-de-nuit, les entorses, sans oublier la toxicité des fruits du mancenillier… « Marie-Galante si vraie », dit le slogan. Mais pour combien de temps ? Jean-Marc Tudor, professeur à la retraite, ne mâche pas ses mots. « La vie ici est vécue comme un retard et non comme un rebond. On veut vivre comme en France ! » Il ajoute, nostalgique : « On aimerait tant que le paradis ait un avenir… »

Françoise Sagan a aimé séjourner dans cette île protégée

Voilà enfin la plus petite et la plus authentique des « dépendances » de la Guadeloupe, La Désirade, infiniment nature. Elle a la forme d’une barque renversée et doit elle aussi son nom à Christophe Colomb, au terme d’un voyage épuisant. Longtemps les « indésirables » lépreux y élurent domicile, ainsi que les « mauvais sujets » qui auraient pu porter préjudice à leurs nobles familles… Restent aujourd’hui des cabris, des agoutis, des iguanes, des gaïacs, des anacardiers, des éoliennes, un Trou du souffleur et puis soudain, au bout de la route, une savane sèche, des falaises, une ancienne station météo et son phare. On dirait l’Irlande ! Françoise Sagan a aimé séjourner dans cette île au biotope protégé, dans laquelle il faudrait peut-être aujourd’hui définir un projet. Car « c’est là une fortune mais tout reste à faire », dit Théodore Compper, directeur de l’hôtel Oualiri Beach. Mais pourquoi faire quand on peut ne rien faire ?
Une frégate hisse ses ailes dans le bleu du ciel. Les grenouilles pépient comme des oiseaux. Les iguanes se prennent pour des dinosaures. Les flamboyants en fleur annoncent les vacances et les madras dansent sur les hanches des touristes. La Guadeloupe et ses îles sont à l’évidence un archipel kifoparaté ! « 
Srce : le figaro.fr

par Catherine Caubère 05/12/2008 | Mise à jour : 15:15

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